ABSTRACT
INTRODUCTION: La présente note informative répond à une demande de la Direction générale de santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec et s'inscrit dans la démarche ministérielle d'élaboration du Plan d'action sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales au Québec 2006 -2009 [MSSS, 2006]. La note fournit une analyse de la littérature économique disponible sur les coûts et les bénéfices des diverses stratégies de prévention et de contrôle des infections nosocomiales à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) retenues par les hôpitaux. Plus précisément, elle vise à proposer des éléments de réponse au questionnement sur la rentabilité de ces stratégies dans les hôpitaux québécois. BILAN DE LA LITTÉRATURE: Au total, 147 articles portant sur le rapport coûts/bénéfices de la prévention et du contrôle des infections nosocomiales à SARM ont été répertoriés. Parmi ces articles, 46 ont été jugés pertinents et retenus aux fins de l'analyse. CONCLUSION: La littérature analysée dans la présente note informative se caractérise par des variations importantes sur le plan des composantes de coûts et des mesures d'efficacité ou de bénéfices, de la durée des suivis et des plans d'étude utilisés. La réponse aux questions posées au début de ce document s'en trouve ainsi fortement influencée. En dépit de cette grande hétérogénéité, certains constats généraux peuvent être établis. De façon générale, toute mesure ou ensemble de mesures sera rentable si on les compare à une situation de « ne rien faire ¼. De façon plus spécifique, le dépistage au moment de l'admission constitue une mesure efficiente pour détecter les patients colonisés, qui sont ensuite soumis à des mesures limitant la transmission nosocomiale du SARM. Les programmes de contrôle du SARM qui incluent la surveillance active par cultures et l'isolement des patients porteurs sont aussi des mesures efficientes. Dans le cas d'unités spécialisées telles que les soins intensifs, la surveillance active par cultures au moment de l'admission ainsi que l'isolement sont des stratégies efficientes, dès que la prévalence de SARM à l'admission aux soins intensifs excède 1%. Outre ces constats généraux, voici les quelques éléments de réponse aux questions d'évaluation qui se dégagent de notre analyse de la littérature. En ce qui a trait au coût moyen excédentaire global du traitement d'une infection nosocomiale à SARM, ce dernier varie de 9 275 $ à 27 000 $, comparativement à celui du traitement des patients ayant des infections à S. aureus sensible à la méthicilline (SASM) et au contrôle des personnes non infectées (données de 2006 qui regroupent l'ensemble des estimations trouvées dans la littérature). La littérature disponible ne permet cependant pas l'estimation d'un coût moyen selon le site d'infection. Le coût excédentaire observé provient principalement de la durée accrue du séjour hospitalier, de l'application de précautions additionnelles ainsi que de l'investigation et du traitement des infections à SARM pendant l'épisode d'hospitalisation. Les coûts moyens de l'application d'un programme de prévention et de contrôle des infections nosocomiales à SARM dans les hôpitaux du Québec n'ont pu être estimés, étant donné la grande variété des mesures et de leurs combinaisons employées ainsi que des composantes de coûts qui caractérise les études examinées. Mentionnons que la rentabilité estimée de ces programmes dépend en grande partie des stratégies privilégiées et de leur coût respectif, de l'horizon d'analyse, du taux de prévalence des infections à SARM dans l'hôpital ou dans l'unité de soins, du nombre de cas évitables par ces mesures et du nombre de chambres d'isolement à un seul lit disponibles.